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Publié par Pour une vraie gauche à Lannion

Ian, tu déconnes !

 

J'ai parfaitement conscience du stress que représente la direction d'une bataille électorale. Je sais la responsabilité que tu portes pour ton Parti, le Pcf. Pour autant, je ne peux abandonner sans réaction tes propos de la période de la Fête de l'Huma. Cette fête est si belle, si pleine de soleils. Sur cette fête, tes mots polémiques ont jeté quelques froids et mauvais nuages. Le sujet de l'immigration est une question grave aujourd'hui, spécifiquement pour nous deux avec nos racines Juives. Sur ce sujet dangereux on ne peut se laisser aller à un jeu politicien.

 

Voici que tu clames, au nom de ton valeureux grand-père, le nécessaire accueil, sans question, sans autre forme de réflexion, des malheureux migrants des temps présents et à venir. Sans doute cela donne bonne conscience.

 

Sans doute cela peut il amener quelques petits résultats électoraux. Certaines personnes, profondément sincères et désespérées n'écoutent que leur cœur, mobilisent leur charité, et ne vont pas chercher le ressors à casser pour parvenir à un résultat. Il en va de l'émigration comme de l'écologie : renoncer à s'affronter au libéralisme c'est la condamnation à l'échec.

 

Il faut additionner à la saine révolte du cœur de menus faits, attachés au parcours de l'immigration. Pas seulement la mort par noyade dans notre voisine Méditerranée devenue enfin visible. Mais aussi ceux, tout aussi nombreux, des morts sans sépulture dans l'atroce désert. Mais aussi ces parcours misérables de jeunes et de familles sans protection. Ces filles vendues à de vieux riches par leur famille arrivées à la dernière extrémité. Et puis combien de ces si nombreux bébés arrivant sur nos côtes ont été conçus dans le viol ? Combien de ces jeunes hommes mis en esclavage ou au mieux jetés dans des travaux d'enfer où ils brûlent leurs poumons, usent leurs os ? Combien de morts ? Combien de souffrances accidentellement dévoilés dans des documentaires à sensation et promptement oubliés ? Il faut écouter le malheur, jusqu'au bout.

 

Alors, Ian, si tu ne perçois d'autre perspective que d'accueillir aveuglément, alors il te faut aller au bout de ton raisonnement : tu dois réclamer que ces malheureux échappent à leur transhumance infernale. Ian, tu dois demander l'organisation de leur migration. Tu dois également demander leur transport sécurisé. Je sais que tu ne le feras pas, non par déni de cette sauvagerie de notre époque mais parce que tu sais qu'il n'est nulle réussite par ce chemin revendicatif, aussi humain soit il. Être un responsable politique c'est dessiner des chemins pour avancer.

 

Voilà bien ce qui est terrible. Voilà bien où tu cales, où tu renonces : tu abdiques devant la camisole de force des Traités Européens. Tu veux te faire bien voir en clamant ton respect de toutes les règles marchandes édictées en Europe (cf ton premier « clip » de campagne). C'est pour cela que tu refuses d'évoquer l'inhumaine immigration dans l'ensemble de sa réalité. C'est pour cela et rien d'autre !

 

Tu clames accueillir et ce ne sont que des mots creux, qu'une volage propagande, lorsque tu renonces à évoquer les conflits et les guerres pour les interdire par une ONU rétablie dans ses prérogatives.

 

Tu clames accueillir et ce ne sont que des mots creux, qu'une volage propagande, lorsque tu renonces à évoquer les traités commerciaux inégaux qui affament les peuples Africains et Sud Américains, déstabilisant des continents entiers.

 

Tu clames accueillir et ce ne sont que des mots creux, qu'une volage propagande, lorsque tu renonces à évoquer un perspective économique écologique libérée de l'emprise libérale.

 

Voilà, tu renonces. Lâchement tu renonces, piétinant ce qu'il demeure du passé communiste qui savait remettre en cause les ressors destructeurs, qui savait désigner les fondations des désastres. Lâchement tu renonces à t'affronter à des Traités qu'hier les communistes combattaient avec clairvoyance. Lâchement, tu proposes en modèle ce que tu fais à la Mairie de Paris avec le PS et qui ne représente que quelques pauvres pansements sur le malheur déversé sur les gens.

 

Et te voici te référent à ton grand père pour mettre en exemple la Russie de 1939, omettant de la nommer URSS et d'indiquer que cette année là son dirigeant avait pour nom Staline. Staline, un modèle pour l'accueil des Juifs, pour la lutte contre l'antisémitisme ! Mais si tu voulais être digne de ton grand père et de son combat, tu pourrais avoir son inébranlable courage en faisant entendre ta voix, sa voix, pour que Bargouthi et Salah Hamouri soient affichés au fronton de la Mairie de Paris, pour dénoncer un « Tel Aviv plage » deux mois seulement après que 4 enfants ont été pulvérisés sur une plage de Gaza. Ce courage là, tu ne l'as pas eu. Tu n'es pas digne de ton grand père.

 

Je suis communiste, Juif et insoumis, et tes propos de la fête de l'Huma me blessent, me révoltent. Sans doute parce que moi je ne flanche pas sur ces convictions d'engagement d'humain que j'ai choisi dès ma jeunesse.

 

 

Je ne peux dire aujourd'hui « fraternellement » car tes propos me laissent bien de l'amertume. Je garde ce mot en réserve si le temps pouvait t'aider à prendre conscience de ce que tu as commis.

 

 

Serge Grossvak

 
 

Précisions apportées par l'auteur dans le débat sur la liste des Communistes Unitaires.

 

Je ne répondrai "que" à Daniele, les autres interventions portant sur un autre sujet (le programme économique de JLM est-il révolutionnaire ou une poursuite de la sociale démocratie, du Keynienisme)

Danièle écrit : "Je préfère ne rien dire sur le ton de ces échanges. Cette formule de Serge, dont j'ai apprécié tant d'analyses,  " si tu ne perçois d'autre perspective que d'accueillir aveuglément,"volontairement extraite de son contexte ,suppose que l'on n'accueille pas n'importe qui. Elle m'a vraiment surprise sous sa plume." "

Donc, en suivant le raisonnement de Daniele, il ressort que puisqu'il n'est pas possible d'envisager la fin du capitalisme en attendant défendons la libre circulation de tous les humains. Ce que j'exprime dans ma lettre c'est qu'aucune démarche humaine, humaniste, c'est l'impossibilité d'obtenir une solution hors de cette rupture avec le capitalisme, tout comme pour la question écologique (et d'autres).

Moi aussi j'apporte mon soutien personnel à des sans papiers (depuis...ça se compte maintenant en décennies). J'accomplis cela par émotion, pas pour son effet politique... A moins de contribuer à des prises de consciences de l'inhumanité du système en place.

Au passage, ce n'est pas JL Mélenchon qui met la question de l'immigration au coeur de la campagne politique mais bien le PCF et son candidat qui aura centré son expression pendant la Fête de l'Huma sur cette question contre FI et JLM. Ceci dit, quelque soit le ton vigoureux de ma réponse car j'étais révulsé par le procédé de Ian Brossat, j'y développe mes raisons.

1/ ne parler du sort des immigrés que sur la dimension accueil en France c'est renier le fondement économique et de domination qui conduit à la situation. Je ne conçois pas qu'il soit possible de se déclarer communiste en reniant cela. J'ai du respect pour les moralistes, il est heureux de pouvoir partager nombre de combats avec eux, mais l'identité communiste ne peut être sans son combat contre les ressorts du drame.

2/ ne parler du sort des immigrés que sur la dimension accueil en France en effaçant le trajet de malheur jusqu'aux frontières françaises c'est se donner bonne conscience et participer du camouflage de ce désastre humain.
 
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