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Publié par Pour une vraie gauche à Lannion

Comprendre les enjeux

 

Trois points qui me semblent importants.

 

  1. Le Parti Socialiste a-t-il “trahi”?

Permettez deux citations.

Frédéric Lordon1rappelle une citation des “transcourants” (une tendance du PS) en 1985 : “Le toujours plus, et le besoin d’assistance ne sont pas l’apanage d’un groupe social mais semblent faire l’objet d’un certain consensus. L’excès de règlementation et de bureaucratisation ne sont pas toujours le symptôme d’un socialisme rampant, mais correspondent plus souvent à des demandes catégorielles, un souci de protection des rentes et des privilèges. Bureaucratisation et corporatisme même combat. Dans un tel contexte la dérèglementation change de camp. La généralisation des pratiques concurrentielles devient une exigence pour la gauche, afin d’assurer une plus grande mobilité sociale.” Et Lordon de remarquer que depuis 30 ans, le cycle est bouclé, ce qui n’était que des positions minoritaires de certains courants du PS est devenu une politique, comme en témoignent la loi Macron, ou la loi travail...

Jean-Luc Mélenchon2, lui, revient sur le contexte des années 80 : l’écroulement du “camp socialiste”, le changement de la structure du capitalisme qui se financiarise et se mondialise sapent le fondement de la social-démocratie. Il écrit : “Cela n’a pas fait de bruit, cela ne s’est pas vu, mais la social-démocratie aussi s’est écroulée. Tout d’un coup, elle n’a plus eu d’interlocuteur. Adieu les compromis qui traditionnellement se faisaient par la force des choses dans le cadre national avec le capitalisme national…L’histoire de cette double décennie 1988-2008, c’est donc celle de la fin d’un monde politique et social dans tous ses compartiments, et l’émergence d’un nouveau monde, celui du capitalisme absolutiste….

Ces citations un peu longues mettent en perspective les choix politiques du PS. Non il ne s’agit donc pas d’une “trahison”, mais bien plutôt d’un choix stratégique de ne pas affronter le capitalisme dans ses formes nouvelles, et de l’accompagner.
Du coup, on comprend que, au cours des 4 dernières décennies, les gouvernements de gauche, Union de la gauche, puis Gauche plutielle, révèlent cette incapacité à combattre le capital, devant lequel ils capitulent (dès 1983). Le quinquennat Hollande est le parachèvement de cette orientation politique.

Certaines forces ne prennent pas encore acte de cette donnée. Pour elles, “peser” sur le PS pourrait le “ramener à gauche” ! Evidemment cette tactique s’avère vaine, impuissante, et dangereuse, entrainant le désespoir qui fait monter le FN.

 

  1. Comment faire aujourd’hui

Durant ces mêmes décennies, les écologistes révèlent l’état de la planète et la nocivité du productivisme. En même temps, le besoin d’intervention active des citoyen(ne)s fait irruption, sous les effets de l’élévation des connaissances et des qualifications, et du développement des technologies. Les citoyen(ne)s connectés désormais eux aussi à l’échelle mondiale veulent prendre en main leur destin. Les coordinations, les collectifs, le “déjà-là” se multiplient.

Peu à peu des liens se tissent entre le rouge des luttes ouvrières et sociales, et le vert du respect de l’environnement.

La France Insoumise concrétise dans le champ politique l’influence de ces courants qui travaillent la société. Malgré ses imperfections amendables, elle constitue déjà un mouvement horizontal, citoyen, doté d’un programme étayé sur les urgences démocratique, sociale, écologique et pacifiste.

 

  1. Et Benoit Hamon dans tout ça ?

Il demeure dans notre pays une partie de l’électorat socialiste fidèle aux orientations de feu la social-démocratie. Cette frange, appuyée sur une opinion majoritaire au sein du peuple, a dégagé Hollande, puis Valls. C’est un bon signe, le signe que l’accompagnement de la brutalité du capitalisme rencontre des résistances.

Cependant, le réformisme n’a plus d’assise. Car le capital ne lui en laisse pas l’espace. Il est donc vain de laisser espérer la résurgence d’un parti socialiste social et progressiste. Seule une démarche puissante, ancrée dans l’action populaire consciente, déterminée et volontariste peut amorcer des changements émancipateurs.

Disons-le haut et fort, à Hamon et à tous : avec FI, tout le monde, forces, partis, militants associatifs, syndicalistes, sont les bienvenus. L’adversaire est redoutable. Il dispose de TOUS les pouvoirs (institutionnels, économiques, politiques, médiatiques). Nous ne serons jamais assez nombreux.

 

Mais pour réussir, cette lutte a besoin de clarté. Cela écarte tout particulièrement celles et ceux qui, à “gauche” comme à droite, ont abdiqué devant le capital et l’ont accompagné. Non, Mme El Khomry n’a pas sa place avec nous. Ni M. Valls. Ni la majorité d’élus PS qui ont si bien travaillé à défaire ce que nos luttes avaient construit.

 

La balle est dans le camp de Benoit Hamon, et de tant d’autres qui pourraient rejoindre notre immense bataille. Qu’ils viennent, qu’ils viennent comme ils veulent, mais qu’ils viennent dans la clarté, et qu’ils viennent vite !

 

Nanie Bellan, Ensemble!-Martigues OEB, membre de Martigues Insoumise.

1 Frédéric Lordon, https://www.youtube.com/watch?v=zQiLa3nS6jc&feature=share

2 Jean-Luc Mélenchon, Le choix de l’insoumission, Seuil, p. 217

 

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